Comment le Bitcoin peut aider à faire avancer la recherche en production énergétique

12 mai 2021, le Bitcoin, cryptomonnaie la plus en vue, la plus connue et la plus échangée, s’apprête à subir un tweet (oui, un tweet) d’Elon Musk, milliardaire, créateur de l’entreprise Tesla et à l’origine de PayPal.

Le tweet annonce que Tesla ne prendra plus en compte les paiements par Bitcoin, en motivant cette décision par le fait que le minage, activité par laquelle est créée le Bitcoin, était nocif pour l’environnement, car l’énergie nécessaire à son exécution était polluante.

En d’autres termes, le Bitcoin est mauvais car il pollue, mais les crypto-monnaies en général restent la technologie du futur.
La fin de son message est tout aussi intéressante “Nous (Tesla) regardons également les autres crypto-monnaies qui consomment moins d’ 1% du ratio consommation énergétique / transaction du Bitcoin”.

Avalanche. Tsunami. Bombe. Tout le monde y va selon son interprétation. Mais les résultats ne perdent pas de temps à se faire ressentir. La même journée, le Bitcoin perd 14% de sa valeur. Une semaine plus tard, il a perdu près de la moitié de sa valeur, une hécatombe.

Ce débat est loin d’être nouveau. La consommation, ou plutôt l’origine de l’énergie permettant la création de Bitcoins est remise en question depuis longtemps. Le débat fait rage, et a été remis au goût du jour par l’intermédiaire de ce tweet.
Dans le tumulte, plusieurs voix se sont donc levées pour montrer qu’il avait tort : le minage repose grandement sur des énergies renouvelables. Mais quelles sont-elles ? Et dans quelle mesure est-ce que le Bitcoin peut faire avancer la recherche en matière de production d’énergie ?

Alors commençons par mettre les choses dans leur contexte : le Bitcoin est créé à partir d’un procédé appelé le Minage. Ce procédé consiste à résoudre une série d’opérations complexes à travers des ordinateurs. La consommation dont il est question n’est autre que la consommation des ordinateurs participant à la résolution de ces opérations. Avec sa popularité grandissante, les moyens mis en jeu pour sa production sont de plus en plus grands, comme on peut le voir avec des fermes géantes pour la production de Bitcoin.

D’après une étude menée par The Cambridge University , on peut remarquer que le Bitcoin à lui seul, consomme plus d’électricité que les Pays-Bas ! Ou le Chili, l’Argentine, la Finlande, la Belgique… Ceci est énorme. Encore plus énorme : 65% des Bitcoins sont produits en Chine, tandis que ce même pays est alimenté à plus de 57% par du charbon.

Un raccourci simple est donc faisable : le Bitcoin détruit l’environnement car son plus grand producteur est en grande majorité alimenté au charbon.
Mais allons plus loin : la même université, à travers The 3rd Global Cryptoasset Benchmarking Study, a révélé que les motifs prépondérants dans le choix de la cryptomonnaie à miner sont monétaires. Avec des factures d’électricité pouvant dépasser les 80.000$ par mois, l’enjeu est donc de pouvoir trouver les solutions les moins onéreuses.
Et en parlant de sources de production d’énergie moins onéreuses, les énergies renouvelables ont une carte à jouer : l’Agence Internationale de l’Energie Renouvelable, dans son rapport de Juin 2020, montrait une baisse considérable des coûts de production d’énergies renouvelables au cours de la dernière décennie. En effet, le photovoltaïque a perdu 82% , tandis que la production par éoliennes a perdu 29% pour celles offshore et 39% celles onshore…

 

 

A ceci, faisons un zoom sur la production chinoise de Bitcoin : l’étude citée plus haut nous montre qu’elle est en grande majorité concentrée dans deux régions, le Xinjiang et le Sichuan, et lors de la saison pluvieuse, c’est 50% de la production mondiale de Bitcoin qui vient de cette dernière, fortement alimentée à l’énergie hydro-électrique. Des estimations indiquent que cette alimentation hydro-électrique est de l’ordre de 95%, car la région, bien fournie en barrages, a de l’énergie à revendre durant cette période.

 

En plus de cela, les énergies éoliennes, solaires, géothermiques et nucléaires (car le nucléaire est considéré comme “vert”) ne sont pas en reste.

Une adoption à grande échelle de cette technologie pourrait donc pousser l’intérêt des chercheurs en matière de production d’énergie verte. L’énergie du futur au service de la monnaie du futur, comme certains le disent. Et ceci pourrait s’avérer probable : s’il n’y a pas nécessairement de corrélation entre la baisse des coûts liés à la production d’énergie verte et l’expansion des cryptomonnaies, il y en aura certainement une si un ensemble assez conséquent d’entreprises spécialisées dans le minage migrent vers ces méthodes de production d’énergie verte. Et pourquoi ? Car il y a de l’argent à se faire. La rentabilité du minage dépendant principalement des coûts en électricité, il serait probable que les fermes les plus importantes se tournent vers les énergies renouvelables; ce qui par ricochet provoquerait des avancées dans ce domaine, l’engouement autour d’elles devenant encore plus grand. Relation de cause à effet.

Une dizaine de jours après son tweet, Elon Musk -encore lui- annonçait, via Twitter, avoir discuté avec “des mineurs de Bitcoin en Amérique du Nord” et avoir conclu avec eux un accord sur la création d’une organisation chargée d’établir des standards internationaux en matière de minage de Bitcoin, ainsi que la publication de rapports prévisionnels sur l’utilisation des énergies renouvelables pour le minage.
Il l’a dit lui-même “potentiellement prometteur”.

Ceci permet donc de relativiser et de remettre en question le constat, ou du moins la conclusion effectuée au début : le Bitcoin est-il si polluant ? S’il est vrai qu’il ne soit pas possible de donner avec exactitude la part d’énergies renouvelables utilisées pour sa création, ces énergies pourraient permettre à cette technologie de s’exporter partout, mais aussi de faire avancer la recherche en énergies renouvelables. Un dernier constat : l’énergie consommée par les appareils inactifs aux Etats-Unis équivaut à 2.7 fois celle nécessaire pour maintenir le réseau Bitcoin en entier !

Les énergies renouvelables, déjà annoncées comme celles du futur, couplées aux cryptomonnaies, annoncées comme les monnaies du futur (la Chine et l’Union Européenne étant en étude d’implémentation de leurs propres cryptomonnaies centrales), voilà des éléments sur lesquels il serait intéressant de se pencher dès maintenant, notamment en Afrique, où la nature est propice à ces moyens de production énergétique de par ses fleuves et ses conditions climatiques.

Des pays comme le Nigéria, représentant 8% des échanges mondiaux en Bitcoin, le Sénégal avec le projet du chanteur Akon de créer une ville utilisant une cryptomonnaie spécifique, ou encore le Kenya, sont instigateurs d’un mouvement positif en faveur de ces actifs. Il ne reste plus qu’a obtenir l’aval des banques centrales, encore opposées à cette technologie.

Mais leur adoption pourrait faire de l’Afrique un centre mondial de production de cryptomonnaies, et par conséquent un centre pour l’essor de création d’énergies renouvelables. reprenons les mots d’Elon Musk : “Potentiellement prometteur.”

Je vous remercie pour la lecture de cet article, qui parle de cryptomonnaies, mais sans donner de conseils d’investissement. Je ne suis en aucun cas conseiller en investissement, et comme il est de coutume de le dire, “do your own research” . Le but ici est de faire le lien entre les cryptomonnaies et les potentiels bénéfices qu’elles pourraient avoir dans l’essor et l’adoption à grande échelle des énergies renouvelables, et de comment l’Afrique pourrait en profiter pour se positionner.

 

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